Extraits d'oeuvres
MIRAGE
Mirage, mirage dans le sang des mots, dans les rumeurs
poussiéreuses des racines, sur des sentes à enluminer.
Faire l’amour comme des éclairs dans l’orage, comme les feuilles sous le vent, comme deux esquifs en perdition sous le regard de Méduse, comme des fantômes dans le lit du torrent, comme des feux de brousse, comme l’encens qui étouffe le jasmin, comme les cernes bleus autour d’une imploration.
Mirages, mirages, les rêves en échos s’enfuient, les énigmes s’enroulent dans l’insolence du vent, dans des traces sans passé.
À s’en rendre fou à s’en rendre sage, ouvrir l’espace du vivre pour une petite mort.
Nuit de lave, drap de suie.
Nicole Hardouin
In Lilith, l’amour d’une maudite
Ed L.G.R Paris, préface A. Duault
AILLEURS
Dans les griffures du temps
les amarres se rompent
l’indifférence floconne
reines et cavaliers dorment sur un damier gelé
j’apprends à te désaimer.
Au gibet de l’hiver
le joyeux délire des fantasmes se balance
la famine ripaille
l’insouciance efface ses marelles
la rosée noircit
les mots butent à cloche-pied
les légendes roulent leurs chimères.
Pourtant
mon cœur faseye encore
aux notes de ton rires
personne ne joue plus
sauf toi
ailleurs.
Nicole Hardouin
In Le Rire de l’Ombre
Ed l'Harmattan, préface de C. Luezior
Mirage, mirage dans le sang des mots, dans les rumeurs
poussiéreuses des racines, sur des sentes à enluminer.
Faire l’amour comme des éclairs dans l’orage, comme les feuilles sous le vent, comme deux esquifs en perdition sous le regard de Méduse, comme des fantômes dans le lit du torrent, comme des feux de brousse, comme l’encens qui étouffe le jasmin, comme les cernes bleus autour d’une imploration.
Mirages, mirages, les rêves en échos s’enfuient, les énigmes s’enroulent dans l’insolence du vent, dans des traces sans passé.
À s’en rendre fou à s’en rendre sage, ouvrir l’espace du vivre pour une petite mort.
Nuit de lave, drap de suie.
Nicole Hardouin
In Lilith, l’amour d’une maudite
Ed L.G.R Paris, préface A. Duault
AILLEURS
Dans les griffures du temps
les amarres se rompent
l’indifférence floconne
reines et cavaliers dorment sur un damier gelé
j’apprends à te désaimer.
Au gibet de l’hiver
le joyeux délire des fantasmes se balance
la famine ripaille
l’insouciance efface ses marelles
la rosée noircit
les mots butent à cloche-pied
les légendes roulent leurs chimères.
Pourtant
mon cœur faseye encore
aux notes de ton rires
personne ne joue plus
sauf toi
ailleurs.
Nicole Hardouin
In Le Rire de l’Ombre
Ed l'Harmattan, préface de C. Luezior
LES SEMELLES ROUGES
EXTRAITS : PAGE 13
C'est un jour ordinaire. Lors d'un salon du livre Antoine Dérac y dédicace son dernier ouvrage sur Proust dont il est un des spécialistes. Je me dirige vers lui. Un cercle de lectrices l'entoure.
Les peintres, les écrivains sont toujours très prisés par la gente féminine. Ils ont pour les femmes un côté mystérieux, elles se posent une multitude de questions à leur sujet : « où, quand, comment écrivent-ils ? »
Souvent, loups solitaires, ils incarnent des vaisseaux dans lesquels elles navigueraient volontiers, à contre-courant...
Echanger avec un auteur, c'est s'introduire dans le mystère de ses ténèbres, boire le filtre qui coule dans ses livres. Filtre-poison, filtre-labyrinthe dont je suis devenue prisonnière. Mais je voulais le rencontrer, me confronter à lui, le voir, l'écouter.
J'aurais dû mieux voir, mieux écouter !
Lors de ce salon, son attachée de presse l'accompagne, jolie fille, attentive, très attentive, exagérément attentive sous ses paupières de suie. Elle lui tend les livres, caresse la couverture de ses longs doigts aux ongles à l'ovale parfait, ouvre la page pour la dédicace, non sans le frôler négligemment de sa manche, elle le couve. Cette attachée est très attachée... Une femme sent vite ces choses-là.
J'approche, achète son dernier livre : « Céleste dans la vie de Proust. » Un regard vif, furtif, passe dans ses yeux, l'éclair qui fait trembler les biches le soir d'été lorsque le grand cerf approche du point d'eau.
Ce jour-là, je porte veste et pantalon noirs, éclairés par une grande écharpe rouge. On a la Légion d'honneur que l'on peut, lui fis-je remarquer. La sienne éclaire le revers de sa veste sombre. Suivant mon regard, il sourit.
« Je l'ai obtenue grâce au député Tréville, il possédait une maison de campagne près de chez moi, nous nous fréquentions beaucoup.
─ Je le connais. Pendant une année j'ai tenu sa permanence de province. Souvent, il m'est arrivé de rédiger des interventions pour l'obtention de la Légion d'honneur. J'ai remarqué, qu'en période électorale, les demandes sont plus fréquentes. Le dépôt d'une voix dans l'urne pouvant être un remerciement ; mais je ne dis pas cela pour vous.
─ Racontez-moi comment vous l'avez connu ?
─ Ce serait beaucoup trop long. »
Et, d'une façon anodine, nous échangeons des propos sur la littérature, la poésie. Puis, soudain il s'adresse à son attachée, très attachée : « voulez-vous aller me chercher un expresso, bien serré, merci. »
Nous sommes seuls, face à face, son visage s'adoucit, sa voix prend des nuances de soie, ses yeux s'égarent sur ma silhouette tout en me demandant ce que j'écris, lis, ainsi que le motif de mon intérêt pour Proust. Avec aisance, il passe d'un sujet à l'autre, manifestement, avec habileté, il me teste. J'apprécie ces échanges, véritables orgasmes intellectuels...
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L’OFFICE DE LA BRÛLURE
À l’office de la brûlure, brûlons toi et moi, jetons des brassées de serments/sarments dans les failles de nos frondaisons.
brûlons, crémation gémellaire, brûlons mon presque siamois de cette étincelle née d’un feu unique qui se scinde en un incendie miroir
éclat sur nos chemins de vie.
Feu unique, feu double, feu irradiant, dévorant d’où s’élèvent les étincelles de nos forges nocturnes.
La brûlure extrême calcine et régénère, construction fournaise, fournaise vivifiante, fournaise du corps, flamme des bûchers du désir,
énergie du vivant.
Torche enflammée dévorante caresse, émoi ; sur ta peau une onde mendiante issue de contrées nomades là où les étreintes courbent la raison et encrent les regards, dilatation des pupilles gémir de gorge.
Je suis filet d’eau, tu es puisatier.
Mon paradis soyeux, tirons l’alcôve sur les grands vents de la dérive
tu es le serpent qui ondule sur ma peau et méandre sur mes sables
morsures désirantes en désirade.
Nos corps vacillent, ancestral dialogue des profondeurs
sabbats pour sorcière-sourcière.
Le feu, ce feu traverse, transvase sa source pour écrire nos fables
donne-moi le temps de consommer tes brandons.
Je veux faire chanter les cordes de ta harpe intime pour rythmer tes poudroiements profonds. Laisse-moi retenir l’aigu de tes marées et me noyer dans tes vagues.Ce soir j’habiterai nos incendies.
Retiens-moi dans l’incandescence de ton souffle et la soif de ta gorge.
Je t’enserre dans mes velours secrets
À l’office de la brûlure, brûlons toi et moi, jetons des brassées de serments/sarments dans les failles de nos frondaisons.
brûlons, crémation gémellaire, brûlons mon presque siamois de cette étincelle née d’un feu unique qui se scinde en un incendie miroir
éclat sur nos chemins de vie.
Feu unique, feu double, feu irradiant, dévorant d’où s’élèvent les étincelles de nos forges nocturnes.
La brûlure extrême calcine et régénère, construction fournaise, fournaise vivifiante, fournaise du corps, flamme des bûchers du désir,
énergie du vivant.
Torche enflammée dévorante caresse, émoi ; sur ta peau une onde mendiante issue de contrées nomades là où les étreintes courbent la raison et encrent les regards, dilatation des pupilles gémir de gorge.
Je suis filet d’eau, tu es puisatier.
Mon paradis soyeux, tirons l’alcôve sur les grands vents de la dérive
tu es le serpent qui ondule sur ma peau et méandre sur mes sables
morsures désirantes en désirade.
Nos corps vacillent, ancestral dialogue des profondeurs
sabbats pour sorcière-sourcière.
Le feu, ce feu traverse, transvase sa source pour écrire nos fables
donne-moi le temps de consommer tes brandons.
Je veux faire chanter les cordes de ta harpe intime pour rythmer tes poudroiements profonds. Laisse-moi retenir l’aigu de tes marées et me noyer dans tes vagues.Ce soir j’habiterai nos incendies.
Retiens-moi dans l’incandescence de ton souffle et la soif de ta gorge.
Je t’enserre dans mes velours secrets
PROMETHEE NUITS ET CHIMERES
PAGE 43
Des caresses s’inventent dans l’échancrure des patenôtres, l’encens prend goût de miel. Au mitan des lèvres la patience s’effrite dans le hurlement du manque.
Les coules s'habillent de chair, dévorante fusion. La nudité de l'âme mûrit aux feux de leur soif. Hésitations, pulsions, peur, dilemme : le doute éperonne l'obéissance.
La fumée des cierges titube, sculpte des visages torturés.
Eperdues, feront-elles naufrage?
L'odeur de l’encens liée à celle des lys s’échappe de la pénombre, des réminiscences se collent à ma peau, notes d'harmonies premières
Désarroi sur mes croyances.
Oui, j'ai mordu à pleine chair dans la volupté, oui j'ai bu dans des gobelets ciselés de lèvres, oui je suis gorgée de tentations.
Puis-je les suivre?
LES ECLOPES DU RÊVE
NE ME TOUCHEZ PAS
NE ME TOUCHEZ PAS
Par une succession de gestes lents, il détache sa cape et la jette à terre. Il s’assied sur la doublure de fourrure aux pieds de l’inconnue, elle semble envoûtée par ses yeux qui seuls éclairent son visage. Elle se lève, se penche vers lui et d’un mouvement vif tend le bras pour détacher le masque, mais il prévient son geste en se reculant :
«Je vous en prie, ne me touchez pas, ne bougez pas, écoutez la nuit.»
Elle le fixe et brusquement, incapable de se contrôler, le désir l’emportant, elle avance ses doigts et lui saisit le poignet.
La main gantée de soie n’est qu’un moignon et ...
Par une succession de gestes lents, il détache sa cape et la jette à terre. Il s’assied sur la doublure de fourrure aux pieds de l’inconnue, elle semble envoûtée par ses yeux qui seuls éclairent son visage. Elle se lève, se penche vers lui et d’un mouvement vif tend le bras pour détacher le masque, mais il prévient son geste en se reculant :
«Je vous en prie, ne me touchez pas, ne bougez pas, écoutez la nuit.»
Elle le fixe et brusquement, incapable de se contrôler, le désir l’emportant, elle avance ses doigts et lui saisit le poignet.
La main gantée de soie n’est qu’un moignon et ...
L'OEIL DU CERBERE
La vieille Léontine épilogue sur la mort, l’impossibilité de conjurer le mauvais œil, sur l’enterrement, la tenue de chacun, la tombe et les fleurs, soupèse le chagrin du baron et commente rapidement le départ de celui-ci pour le midi.
La vie du pays reprend son cours, sans bouleversements, jusqu’au jour où l’on sut, par Victor, le retour annoncé du baron.
Ce dernier intéresse beaucoup Viviane, séduisant, l’œil gris, le monocle hautain, grand ; tout embryon de bedaine régulièrement gommé dans une station thermale, tout regain de jeunesse payé, non moins régulièrement et fort cher, dans une célèbre clinique suisse, il a de quoi faire tourner bien des têtes et des corps.
Est-ce par magie, est-ce par amour ? Toujours est-il qu’à la St Jean elle règne en maîtresse sur le baron, ses terres, ses eaux. Ce, à la consternation de Léontine qui a vu des choses…
Ses dix- sept printemps sont une eau de jouvence pour lui, elle le séduit, maladroitement au début mais elle apprend vite caresses, positions, baisers qui le rendent fou. Il est intrigué, amusé, comblé. Il a d’ailleurs toujours eu un penchant pour les petites femmes qui laissent un goût de poivre et Viviane c’est du poivre rouge… Quelque chose de brûlant, d’inquiétant, de mystérieux, ne lui a-t-elle pas demandé, un soir, de lui faire l’amour, là au bord du ruisseau, sur les mousses.
Les sapins en ont frémi, l’eau a suffoqué, le vent ce soir-là s’est tu en une longue plainte et le baron récolta un lumbago !
La vie du pays reprend son cours, sans bouleversements, jusqu’au jour où l’on sut, par Victor, le retour annoncé du baron.
Ce dernier intéresse beaucoup Viviane, séduisant, l’œil gris, le monocle hautain, grand ; tout embryon de bedaine régulièrement gommé dans une station thermale, tout regain de jeunesse payé, non moins régulièrement et fort cher, dans une célèbre clinique suisse, il a de quoi faire tourner bien des têtes et des corps.
Est-ce par magie, est-ce par amour ? Toujours est-il qu’à la St Jean elle règne en maîtresse sur le baron, ses terres, ses eaux. Ce, à la consternation de Léontine qui a vu des choses…
Ses dix- sept printemps sont une eau de jouvence pour lui, elle le séduit, maladroitement au début mais elle apprend vite caresses, positions, baisers qui le rendent fou. Il est intrigué, amusé, comblé. Il a d’ailleurs toujours eu un penchant pour les petites femmes qui laissent un goût de poivre et Viviane c’est du poivre rouge… Quelque chose de brûlant, d’inquiétant, de mystérieux, ne lui a-t-elle pas demandé, un soir, de lui faire l’amour, là au bord du ruisseau, sur les mousses.
Les sapins en ont frémi, l’eau a suffoqué, le vent ce soir-là s’est tu en une longue plainte et le baron récolta un lumbago !